Au départ, ma vie dans la rue
J’étais une petite boule de poils, blanche comme la neige (d’où mon nom, certainement) et je faisais beaucoup rire les enfants en me cachant dans les haies du trottoir de cette rue des Thuyas. Ils s’amusaient avec moi et semblaient me trouver intéressante.
Les habitants me nourrissaient quand ils me voyaient mais ne m’offraient pas forcément leur toit.
L’hiver vient
L’hiver a fini par arriver et avec lui, le froid et mon premier gros rhume. C’était plutôt difficile, j’ai eu peur à certains moments. Et j’étais très fatiguée.
Le printemps est revenu quelques temps plus tard (je ne saurai pas dire combien), et je voyais passer les enfants qui ne me regardaient plus. N’étais-je plus intéressante pour jouer avec eux ? Je me demandais pourquoi. Par contre, je trouvais toujours des friandises et des cachettes pour m’abriter. Ça, ça n’avait pas changé !
Le début des ennuis
A l’arrivée du deuxième printemps, le bout de mes oreilles commença à me faire mal. Ça me gêne beaucoup et je les gratte souvent avec ma patte, ne m’arrêtant que lorsque la vive douleur m’y oblige. Je trouve parfois du liquide rougeâtre sur ma patte après avoir gratté (du sang je crois, si j’ai bien compris les humains qui se sont occupés de moi plus tard)…je crois les avoir entendu dire aussi que je souffrais de la gale des oreilles.
Puis un jour, ça me grattait de partout…c’était très désagréable et j’avais toujours mon problème aux oreilles. C’étaient des puces, j’ai entendu. J’essaie de trouver de l’aide en rentrant dans les habitations pour montrer mes blessures aux humains qui me nourrissent. Puisqu’ils me nourrissaient, je pensais qu’ils allaient me soigner aussi. Mais en fait, ils refusent et me chassent tous.
J’ai entendu qu’ils me trouvaient sale et qu’ils avaient peur que je contamine leurs propres chats et leur foyer. Je ne sais pas ce que ça veut dire, « contaminer » et « sale » mais je comprends qu’ils ne veulent pas de moi !
Je me réfugiai donc dans les haies, sur le bord du trottoir. Je saigne, j’ai mal, je me sens seule et j’hurle parfois de douleur…
J’étais oubliée
Un bruit assourdissant de moteur m’a fait foncer droit devant moi. Je sautai une barrière en bois et tombai sur une bassine, dans un jardin. Un humain me crie dessus, je prends peur et je bondis de nouveau. Je trouvai à nouveau refuge dans une haie, le cœur battant, les oreilles toutes rouges.
« C’est moi ! Le petit chaton blanc tout mignon ! S’il vous plaît, je suis gentille. Je fais rire vos enfants depuis que je suis petite ! »
Hélas rien. Pas d’humain pour m’aider. Le ciel noir, la pluie, le froid.
Un vieux chien attaché à une chaîne me regarde tristement. Lui aussi avait probablement été jeune et beau à un moment.
Une rencontre inhabituelle
Un matin, une voiture passa près de moi. J’avais l’habitude de voir des voitures, je n’avais plus peur (sauf quand elles rugissaient trop fort ; là, je m’enfuyais). Elle s’arrêta et une dame que je n’avais jamais vue me regarde. Je la regarde aussi. Ses yeux deviennent mouillés en me voyant, je ne comprends pas pourquoi. La voiture s’arrête sur le trottoir, la dame prend quelque chose dans sa main et le porte à son oreille. Je l’entends parler bien qu’il n’y ait personne avec elle. Je ne comprends pas ce qu’il se passe mais je sens sa voix trembler, je n’entends pas ça d’habitude. Parle-t-elle de moi à quelqu’un ? Que va-t-il se passer pour moi ?
Lorsqu’elle remet son appareil dans sa poche, elle me regarda à nouveau, je vis ses dents (elle m’a fait un sourire, je crois qu’on dit comme ça), puis elle s’en alla.
A nouveau seule…mais pas pour longtemps
Je restai à nouveau seule mais j’avais la vague l’impression qu’il allait se passer quelque chose.
Un jour après, j’étais sur le rebord d’une fenêtre, mangeant des friandises comme à mon habitude.
Un Monsieur arriva. Il me parlais à moi en me montrant une grande boîte qu’il ouvrit et plaça à côté de lui. Un cadeau pour m’abriter ? Il s’approcha et je sentis aussitôt de la gentillesse en lui. Je n’étais pas en danger. Je le laissai me caresser tandis que je mangeais. Quand j’ai fini mes friandises, on s’est même amicalement cogné nos fronts. C’était la première fois qu’un humain osait me toucher depuis longtemps.
Après m’avoir parlé, il me prit par le cou (oh, comme le faisait ma Maman avant ^^) et me plaça dans la boîte qu’il referma. Il me plaça à côté de lui dans sa voiture. Pendant que la voiture roulait, il me parlait doucement, avec émotion ; sa voix tremblait aussi mais moins que celle de la dame je crois. Je le regardais, il me regardait. Je ne saurais pas dire pourquoi mais je sentis qu’on était déjà copains, lui et moi. La boîte dans laquelle j’étais m’en empêchait mais je voulais jouer avec lui, lui léchouiller les joues, cogner mon front contre lui. Je me mis à ronronner pour lui signifier que j’étais bien. Je crois qu’il l’a compris.
Il faisait bien chaud dans sa voiture, ça me faisait grand bien. Je ne sentais plus la morsure du froid sur mes oreilles, mes coussinets, mon corps.
D’autres gentils humains
La voiture s’arrêta enfin et il me porta dans une maison où du monde m’accueillit en me montrant ses dents (des sourires, je crois que les humains font ça lorsqu’ils veulent être gentils et sont contents). Moi je ne sais pas le faire !
Une humaine en blanc (comme moi ^^) me regarda sous tous les angles, comme s’il s’inquiétait de ma santé. Je me sentis enfin exister ! J’existais aux yeux de ces humains-là. Je leur offris plein de ronronnements, des signes de contentement pour les inciter à continuer à prendre soin de moi. J’avais perdu l’habitude !
L’humaine en blanc décida de me garder pour me soigner. J’aimais sa voix apaisante.
Les soins
L’humaine a découvert que je souffrais d’un cancer aux deux oreilles en plus d’une gale, qu’il faudra soigner ensuite. C’est ça que j’ai entendu je crois.
Je fus rapidement amenée dans une autre pièce et le gentil monsieur partit. Je n’avais pas envie qu’il parte mais au fond je savais qu’il reviendrait. Il me l’a dit dans mon cœur, j’ai entendu.
Je me suis sentie partir…Quand je me suis réveillée, je n’avais plus mal aux oreilles. Mais je me suis vite rendue compte que je n’en avais plus ! D’après l’humaine en blanc, elles étaient trop atteintes, il fallait les couper.
J’ai aussi été stérilisée et identifiée (je ne sais pas ce que ça veut dire mais c’est ce que j’ai entendu).
Ma petite vie aujourd’hui
Tous les jours, je vois le monsieur. Il me dit que je suis belle, me fait des câlins, des bisous. Je le colle pour le remercier et me laisse soigner et même peigner. J’adore ! Il m’a dit qu’il trouverait un vrai toit pour moi.
Ceci est mon histoire, et maintenant je m’appelle Blanche.
Une petite boule de neige qui a bien grandi et je saurai faire votre bonheur si vous voulez bien me donner une chance. Merci de m’avoir lue !
Gros câlins et bisous pour vous !
Aidez les humains qui s’occupent de moi
J’entends souvent les humains autour de moi dire qu’ils ne pourraient pas faire ce qu’ils font sans l’aide d’autres humains qui font des dons.
Je ne suis pas sûre d’avoir bien tout compris mais ce que je sais, c’est que je serais encore dans la rue à souffrir aujourd’hui sans l’aide de ces humains. Et c’est le cas pour beaucoup d’autres animaux qui vivent ici avec moi !
Alors continuez à les aider s’il vous plaît, ils le méritent !